- S'énerver ne servira à rien, ajoutai-je. A la place, vous pourriez peut-être nous donner votre version des faits ? Qui sait, peut-être pourrons-nous être utiles.

Je me fustigeai intérieurement à l'instant où ses paroles quittèrent ma bouche. J'avais dit "nous" alors que je ne savais absolument pas si le mage et Edern comptaient s'en mêler ou pas.

Personnellement, je savais que je ne pourrais pas simplement passer mon chemin alors qu'une innocente était peut-être accusée d'un meurtre.

"Edern."

Le mage donna un ordre du regard au loup et celui-ci se contenta d'acquiescer avant de s'approcher du mur. Il l’escalada en un instant afin de gagner le toit et s'accroupis afin de regarder les environs. Le jeune homme le regarda faire un peu intrigué mais finit par se retourner vers Alixandre.

"Ecoutez, Lena n'a rien fait, nous sommes resté ensemble depuis l'heure du déjeuner. Elle devait faire des courses pour son oncle et... Je l'ai aider. La pauvre doit toujours tout faire seule..."

Il finit par baisser la tête et détourna le regard.

"Elle ne le fera sûrement plus maintenant..."

J'acquiesçai en même temps que j'assimilai les informations.

- L'homme qui est mort, c'était son oncle ?

Le jeune homme hocha simplement la tête. 

"Il s'agit... S'agissait de... d'Edgar Maren."

Il prit un instant pour jeter un œil à l'intérieur. Visiblement il ne réalisait toujours pas ce qu'il était en train de dire...

- Lena est rentrée toute seule et a ensuite découvert le corps, c'est bien ça ? demandai-je.

Puis, je me rendis compte que j'étais soigneur et que je n'avais même pas pris la peine d'aller voir le corps du macabé, simplement au cas où. Je rentrai alors dans l'habitation sans même attendre la réponse de mon interlocuteur, décrétant qu'il hausserait la voix pour que je l'entende ou se déplacerait.

Evidemment, dans ce genre de situation critique, il fallait toujours que je commette une bourde ignoble. Alors que je marchai en direction de la victime, mon pied gauche glissa sur le sol poisseux, recouvert d'un sang qui n'avait séché qu'à moitié. Et je m'étalai de tout mon long juste à côté de feu Edgar Maren, tâchant mes vêtements et repeignant d'une charmante couleur écarlate les morceaux de peau qui n'étaient pas protégés par mes vêtements.

Je n'aurais pu dire si le sang qui maculait mon visage masqua mon rougissement.

Au moins avais-je une parfaite vue du visage exsangue d'un homme qui était vivant il y a plusieurs heures.