Le soleil commençait à redescendre lentement, les couleurs de l'horizon virant peu à peu au doux orange des nuits de fin d'été. La température était néanmoins toujours propice aux balades nocturnes et la majorité des villageois se trouvaient encore dans les rues. Un peu à l'écart du camp, Aesir avait regagné son arbre, délaissant la tente qui lui avait été offerte le temps de son rétablissement. La majorité de ses blessures étaient maintenant refermées et ce n'était sans doute qu'une question de temps avant qu'il ne décide de reprendre le court normal de ses activités au sein du camp...

Tour Magostera

Je me sens beaucoup mieux. Levant le bras gauche, je l'abat sur l'écorce et sourit en ne sentant aucune douleur lors de l'impact. Je me redresse et saute en bas du tronc. Je vais me promener un peu dans le camps. L'endroit grouille d'activité, ce qui semble normal au vu des derniers évènements. Il faut encore rebâtir ce qui a été brûlé, que ce soit par la sorcière dont j'ai entendu parler, ou bien le Suma'ha... Je le chasse de ma tête. Il ne mérite pas que je me souvienne de lui. Une discussion parvient soudain à mon oreille. Approchant un peu des deux robustes hybrides dont les plumes chatoyantes leur tenaient de cheveux, ce que je comprend me fait réfléchir à toute vitesse. Un pierre qui fait apparaître les souvenirs ? Les souvenirs... Il faut que je vois ça. Mais par contre, je ne m'y connais pas du tout en magie. En fait le seul qui possède un vrai talent magique ici c'est... Le drago-mage. Je grimace légèrement. On ne s'est pas très bien entendu la première fois. Mais il n'est pas mauvais combattant et ses connaissances surpassent les miennes sans doute dans tout les domaines. Je me dirige donc vers sa tente après m'être fait indiqué le chemin, décidé à l'emmener avec moi. Une fois devant, je me prépare mentalement et écarte le voile de tissu en demandant :

- Veheniem ? Es tu ici ?

https://www.youtube.com/watch?v=XHBkJie9OPw

Il s'est passé de nombreuses choses. Je ne sais même pas si je dois encore rester ici à vrai dire. Cette tente est commode pour y ranger mes livres, mais... Plus je pense à ce que le loup m'a dit et moins je me sens à ma place ici. 

- Veheniem ? Es tu ici ?

En entendant cette voix j’émerge de derrière ma pile de livre en feignant d'être interrompu dans ma lecture. Même si j'ai le nez dans ce livre depuis des heures, je n'ai pas réussi à tourner une seule page.

-Qui y a t-il ?

Alors que je pose la question je reconnais Aesir et détourne le regard rapidement. Je n'ai pas spécialement envie d'être dérangé, même si au fond, j'ai de plus en plus l'impression d'être profondément seul...

- J'ai entendu parler d'une chose intéressante. Un paysan aurait découvert une pierre étrange dans son champs. Elle permettrait apparemment de faire apparaître sous forme de mirage les souvenirs de celui qui la touche.

J'ai une idée précise sur l'utilité qu'elle aurait pour moi, mais je n'en parle pas. Il n'a pas besoin de le savoir.

- Je ne connais rien à la magie et tu est le seul mage vraiment compétent que je connaisse. J'aurais... J'aurais besoin de ton aide pour vérifier cette histoire. Me l'accorderas tu ?

-Des souvenirs hum ?

Je ne sais pas si mon passé vaut plus que mon futur incertain. Néanmoins si je reste là à tourner en rond, je pense que je vais perdre la raison. Il y a peu de chance que cela m'apporte quoique ce soit mais... J'imagine que je peux le faire pour lui. Après tout je l'ai plus ou moins rabroué la dernière fois qu'on s'est parlé.

-J'imagine que je peux bien trouver du temps pour cela...

Oh oui... Ça du temps, j'en ai... Bien plus que je n'en souhaiterai d'ailleurs... Bien plus que l'on peut en souhaiter dans toute une vie humaine...

Il à l'air ennuyé. Une fugitive étincelle de regret danse dans son regard, avant de disparaître. Peut-être que je me fais des idées. Puisqu'il m'a donné son accord, je l'emmène hors de sa tente et me dirige avec lui vers le champs du paysan. J'ignore ce que me montrera la pierre, mais si son pouvoir est réel, alors je pourrais savoir ce qui s'est passé cette fameuse nuit. Même si je ne suis pas sûr que j'apprécierais ce que je verrais...

Le champ est désert à cette heure. Le soleil disparaît à moitié par delà l'horizon et les étoiles commencent à poindre dans le ciel. Alors qu'Aesir et Veheniem s'approchent du carré de terre labourée, il n'y a rien de véritablement intéressant à voir. Rien du moins jusqu'à ce que le guerrier décide de franchir les barrières rudimentaire de bois qui délimite la parcelle. Alors que son pied se pose sur l'humus fraîchement retourné, l'air ambiant se met à vaciller étrangement, ondulant suffisamment pour le pousser à reculer par réflexe. L'espace retrouva alors presque immédiatement sa stabilité. Clairement, il y avait bien quelque chose d'étrange dans ce champ.

Qu'es ce que c'était ? Cet endroit est bizarre. Je recommence, et de nouveau l'air palpite. Je continue plus avant et trouve alors la fameuse pierre. Plus je m'approche et plus l'air ondoie. Elle est plate mais irrégulière, de couleur qui oscille entre le noir d'obsidienne et le gris sombre. Je la touche avec circonspection, et ma paume est soudain bloqué dessus. Avant que je ne puisse émettre un son, le champs disparait soudain. A la place se trouve une forêt d'arbres immenses. La lune se voit fugitivement à travers le feuillage dense des arbres, un disque d'argent éclatant.

Un très jeune homme, à peine sortis de l'adolescence, erre dans le bois. Il a de courts cheveux bruns, des yeux noirs et une peau légèrement hâlé. Avec un choc, je me reconnait. C'est moi, le moi avant ma transformation. Je me vois avec un léger tremblement approcher du bord d'un lac, et m'effondrer de fatigue. Un détail me frappe soudain. La lune tourne lentement au noir, au point de disparaître du ciel, mais le cercle noir se découpe nettement dans les eaux miroitante du lac. Le moi d'hier regarde soudain le lac, et une grimace d'effroi se lit sur son visage, sur mon visage. Un ombre noire en sort lentement, émergeant du cercle obscur que forme la lune sur l'eau. Les ténèbres volètent lentement, comme indécises. Le moi d'hier tente alors de se relever, sans doute pour fuir. Mais les ténèbres ne lui en laisse pas le temps. Elles fondent sur lui, et tout ce qu'elles touchent au passage, feuilles et branches, se flétrit et se nécrose. Elles le traversent et l'entourent, le masquant à ma vue. Un hurlement de douleur jaillit malgré tout, semblable à celui d'une bête agonisante.

La lune commence alors à redevenir d'argent. Comme prise au dépourvu, les ombres se rassemblent et tentent de revenir dans ce qui reste du cercle noir, délaissant leur proie. Je vois alors mon moi d'hier, et mon cœur cesse de battre un court instant. Le cadavre nécrosé, à moitié rongé par l'ombre... Ce ne peut être moi ! Pendant ce temps la noirceur qui avait envahis la lune disparu impitoyablement, et les ténèbres commencent à s'effilocher. Celles-ci tournoyèrent alors à toute vitesse, comme prisent de folie, et pénétrèrent soudain dans mon... Mon cadavre... Celui-ci commença alors à se transformer. La peau se reforma, assombrie, les cheveux blanchirent, les doigts s'allongèrent de griffes et les dents en crocs. Les yeux reparurent, respectivement émeraude et ambré. Enfin, de longues excroissances gonflèrent dans le dos, puis se déployèrent. Mes ailes.

Je ne pouvais pas supporter plus. Non, je ne pouvais... Je ne pouvais pas être mort ! C'est impossible, c'est.... Je tire de toute mes forces sur ma main, décidé à lâcher la pierre. Comme pris de folie, je tire encore et encore,au point que la peau se déchira, laissant la chair à vif. Mais dès que le contact se rompit entre la pierre et moi, tout s'évanouit. Je voyais de nouveau le champs, et la douleur me parvint, bizarrement atténuée. Un grand froid m'envahissait, tandis que je tentait vainement de nier ce que j'avais vu....

Au vu de ce qui vient de se passer, je ne réfléchis pas une seule seconde et j'arrache la pierre de ses mains. Au moment où je la touche, l'air se déforme à nouveau et le champ laisse place à un long couloir aux murs richement décorés et dont le sol ciré est recouvert d'un somptueux tapis noir et indigo. Tout porte à croire qu'il s'agissait de la propriété de quelque famille noble. Un adolescent aux cheveux argentés passa à coté de moi, incapable de me voir. Son visage était fermé et il avançait d'un pas déterminé. Ses vêtements, tout comme son air fier, collaient parfaitement avec le reste du lieux. Vêtu d'un long manteau blanc à l'intérieur bleu roi, il gardait une épée à la garde dorée complexe dans un fourreau ivoire et or. 

- Attends ! Attends !

Un autre garçon, bien plus jeune arriva derrière lui en courant. Il était essoufflé et ses cheveux noirs mi-longs mal arrangés revenaient continuellement devant ses yeux. Malgré ce camouflage de circonstance, on discernait très bien les larmes qui embuaient ses yeux améthyste. Dès qu'il fut à sa portée, il s'agrippa férocement à lui.

-Ne t'en vas pas ! Tu vas te faire tuer !

L'adolescent se retourna pour lui sourire un instant avant de le repousser avec tendresse. Il tapota deux fois la tête du garçon et reprit sa marche. Je regardais la scène de loin, impassible. Cette pierre ne m'apportait rien de nouveau, j'avais déjà fait des rêves similaires tant de fois... Je ne voulais pas qu'il y aille. J'étais certain qu'il ne reviendrait pas. Il n'était pas revenu... La scène changea avant que le garçon au cheveux sombres n'ait eu le temps de reprendre la parole. Le couloir laissa la place à une sorte de grand bureau. Les murs étaient majoritairement recouverts de larges tentures sur lesquelles se trouvait retracé le massacre d'imposants dragons, les espaces libres occupés par de lourdes bibliothèques de marbres. Un large tapis pourpre rectangulaire se trouvait au milieu de la pièce, et au bout de celle-ci se trouvait un homme d'une soixantaine d'année attablé à un bureau de bois sculpté. Son teint blafard et ses cheveux grisonnants, ainsi qu'une large cicatrice sur l’œil droit lui donnaient un air sombre et particulièrement froid. Il rédigeait quelque chose sur un bout de parchemin d'une main tremblante, tout juste éclairé par la lumière traversant les vitraux derrière lui. Alors que j'analysais la salle du regard, la porte s'ouvrit brutalement derrière moi, laissant entrer une version légèrement moins âgé de ma personne. Le nouveau venu marcha d'un pas rapide, courant presque, vers le bureau et balaya sans ménagement tout ce qui se trouvait à sa surface.

-Vous m'avez menti ! Hurla-t-il une fois certain d'avoir capté l'attention du vielle homme.

Son interlocuteur se redressa et lui jeta un regard glacial, masquant à peine le dégoût. Il ne répondit rien en revanche. Celui qui venait de l'interrompre ne se démonta pas et se redressa, visiblement enragé.

-Vous... Vous votre haine grotesque... C'est cette famille maudite que l'on devrait exterminer !

Le vielle homme se redressa en s'appuyant avec force sur son bureau, incapable de se contenir plus longtemps.

-Comment oses tu me parler de la sorte ?! 

Ma version moins âgée ne se démonta pas, au contraire. Elle agrippa le col de son interlocuteur colla presque son visage au sien.

-Vous l'avez tué ! Vous l'avez sacrifié juste pour cette soi-disant "Gloire" ! 
-Il est mort en héros, en nous faisant honneur ! Il...!

Je me regardais frapper le vieil homme pour le faire taire. Il s'effondra dans son siège, le nez en sang, brutalement coupé... Le silence retomba et dura de longues minutes avant qu'il ne reprenne la parole sur un ton bien moins élevé, presque inaudible. 

-Tssk... Vermine... Tu ne vaux pas mieux que ta mère... 

Rien que d'entendre à nouveau ces mots, je sentais mon sang bouillonner. L'air autour de moi se refroidit drastiquement. Une fine couche de givre se forma à la surface de la pierre. Sans doute affectée par ma magie, le mirage devint plus flou autour du bureau. Le plus âgé continua en s'essuyant fébrilement le sang couvrant son nez déformé.

-Toujours à gémir pour... protéger ces sales bêtes... J'aurais du la tuer moi-mê...

Un long pic de glace venait surgir des mains de mon moi plus jeune et s'était largement enfoncé dans la poitrine de son interlocuteur, le coupant à nouveau et définitivement. L'air autour de moi était devenu si froid que mes vêtements avaient commencé à se couvrir d'une fine pellicule de givre. La pierre vibrait doucement dans ma main alors que le mirage devenait de moins en moins compréhensible... Je continuais de regarder avec attention. Mon jeune moi prononça quelque chose mais aucun son ne me parvint. Il enfonça encore davantage le javelot de cristal dans la poitrine de sa victime avant de la pousser en arrière avec violence. Mes yeux se fendirent alors. L'homme tituba un instant. La pierre cessa de vibrer. Je serrai le poing alors que la silhouette basculait dans le vide après avoir fracassé les vitraux dans sa chute, et le mirage s’effaça. Le bruit du verre brisé résonna encore quelques secondes dans le champ et enfin le silence... Mes muscles refusent de se relâcher malgré la douleur que cela imprime à tout mon corps. Je suis simplement incapable de bouger pour le moment... Une fine poudre froide s'écoule du poing serré dans lequel je tenais la pierre. C'est terminé. C'est bien terminé.

Je me relève en chancelant, et voit Veheniem, la pierre broyée dans sa main, et de la poussière qui s'écoule. L'air est glacial, et plus encore à proximité du drago-mage. La scène que j'ai vu... Ce devait être son passé à lui. Je suis encore sous le choc de ce que j'ai vu dans mon souvenirs, souvenirs dont je me rend compte qu'ils ne doit pas venir uniquement de ma mémoire à moi... Je me rapproche de Veheniem et lui parle, d'une voix blanche malgré moi.

- J'oublierais ce que j'ai vu si tu veux... Ça ne me concerne pas. J'aimerais juste que toi aussi... Tu ne parle de cela à personne.

Toujours à moitié enragé, je me retourne vers Aesir en faisant encore descendre la température. Mes ailes sortent d'elle même et presque instantanément. 

-Je me moque de ce que tu as pu voir ! Va le crier sur les toits si tu veux !

La terre du champ devient gelée à son tour. J'ai l'impression que toute ma puissance déferle sans que j'ai le moindre contrôle dessus. 

-Je ne suis pas comme vous !

J'avais hurlé sans m'en rendre compte. Après quelques secondes de silence, je me rend compte que je ne suis pas dans mon état normal... L'air retrouve peu à peu sa température normale et mes ailes s'évanouissent.

-Je...

Sans attendre de réponse, je pars, accélérant le pas jusqu'à courir à perdre haleine. Je... ne suis plus... pas un humain. Je n'ai rien à faire avec eux.

https://www.youtube.com/watch?v=6QR09km44eo

Il... Je ne vais pas le laisser partir comme ça. Je me met à courir à mon tour. Il est bien plus rapide que je ne l'aurais pensé. Mais je le suis plus encore. Bondissant d'un seul coup dans le ciel, je retombe sur lui et le met à terre. Je tente de le maintenir, mais sa force me surprend et il parvient à se dégager. Je le toise, et crispe mes mains griffues. Parfait. Si il vaut la guerre, il va l'avoir. Un bon combat me permettra d'oublier ce que j'aie vu.

- Amène toi. Grondais-je entre mes dents.

Je ne le tuerais pas. Mais je pourrais au moins passer ma rage sur lui.

Je me jette en avant et fouette l'air de mes griffes. J'ai eu un aperçus de sa magie, et elle est plutôt puissante. Autant le mettre hors d'état avant cela.

Je trace un trait de glace pour dévier ses griffes juste avant l'impact.

Tentative esquive

Veheniem a effectué 1 lancé(s) d'un 2 :

2

Les griffes d'Aesir glissent le long de la tige de glace au dernier moment. Laissant au mage le temps de contre-attaquer. 

Tour Veheniem


PCP 0
+15 (15)

J'avais réussi à chasser suffisamment de rage tout à l'heure... Mais là... Il était allé largement trop loin ! 

-Arcanes draconiques : Fleurs de givre !

Pose piège

Puissance

Veheniem a effectué 1 lancé(s) d'un 10 :

10

Nombre

Veheniem a effectué 1 lancé(s) d'un 5 :

3

De fines fleurs de cristal s'épanouissent autour de moi, grandissant jusqu'à fleurir, révélant ainsi toute leur beauté. Comme poussées par un vent invisible, elles ondulent gracieusement à mes cotés.

-Tu n'as aucune idée de qui je suis !

Tour Magostera

PCP 15
+15 (30)

- Mais au moins tu sais qui tu es ! Hurlais-je de même en bondissant vers lui, tentant de frapper sans toucher les délicates et dangereuses fleurs de glace.

Réussite ! 

Les griffes précises passèrent entre les fleurs et lacérèrent l'avant-bras du mage en même temps que ses vêtements. 

9x9=81
Résistance 20/3=7
81-7=74
Veheniem
400-74=326


Piège !

Paralysie (2 Tours)

L'une des fleurs s'enroula autour d'Aesir jusqu'à ce que ses deux bras soient immobilisés...

Tour Veheniem


PCP 15
+15 (30)

-Oh oui !

Mes pupilles se fendent à nouveau et mes ailes réapparaissent pour se déployer amplement... De fines griffes bleutées brillantes se forment au bout de mes doigts et la température descend à nouveau...

-Je suis un dragon !

La rage continue de couler dans mes veines et mon pouvoir encore davantage. Un large cercle se dessine devant moi alors que je tends ma main dans la direction du guerrier. Un puissant flux magique se concentre dans ma paume...