Mission:

https://www.youtube.com/watch?v=0FNdKZkDEBM

Le soleil frappe de plein fouet le campement, sans pour autant pouvoir lui rapporter la chaleur d'antan. Car oui, voilà que la neige recouvre la Nouvelle Tribu, que la fraîcheur d'hiver vente et gonfle nos tentes. Places aux manteaux de fourrures et aux chapeaux encombrants, tant et bien qu'il est parfois difficile de discerner qui se cache derrière un si bel accessoire. L'hiver prend place sur les terres d'Erovia, mais ça n'empêche pas pour autant les habitants de vivre, des enfants de jouer et les guerriers de chasser.

Le jeune et maladroit Alixandre se trouve d'ailleurs dans la place au moment où il rencontre un jeune garçon émerveillé, heureux, comme épanoui devant toute la splendeur du marché. Ou plutôt des nombreux épéistes et mages vagabondant dans la place, laissant scintiller leurs orbes magiques ou leurs lames tranchantes laissées imprudemment à découvert. Il avait eu l'occasion d'en effleurer quelques unes, des armes, sans que quelqu'un semble y prêter la moindre attention. Car loin d'être un voleur, il était surtout fasciné par le monde de la chasse et de la magie. Dès le plus jeune âge, voilà qu'il s'était trouvé une possible voie sur laquelle se lancer. A moins que sa soit autre chose qui le fascine...
Ce jeune garçon était bien décidé à trouver un compagnon pour l'accompagner dans sa quête. Trop frêle, trop faible, trop insignifiant, y aller seul reviendrait à s'éliminer soi-même automatiquement. Idée qui le poussa à demander aux nombreux passants de l'aider, en vain. Soit étouffé par le bruit de la foule, soit ignoré comme un moins que rien, ou encore même repoussé par un simple rire moqueur, le jeune garçon avait voulu laisser tomber, et s'était réfugié dans ses genoux pour pleurer, isolé derrière une maison. Alixandre, lui, avait préalablement suivi toute la scène, et semblait pris de peine pour le jeune garçon à la tignasse d'un brun foncé aux grands yeux d'un bleu profond, embués de larmes.

L'hiver venait, et ça ne semblait pas perturber outre mesure l'activité du campement. A vrai dire, je n'étais pas habitué à voir autant de gens dehors. Lorsque je vivais encore chez mes parents, l'hiver était synonyme d'enfermement dans la demeure familiale, avec interdiction formelle d'en sortir. Ma mère ne voulait surtout pas que je risque d'attraper un rhume ou une grippe. Alors, je me réfugiais dans la bibliothèque, étonnamment toujours agréablement chauffée, et je lisais. Et je prenais pour acquis que tous les autres enfants du village - tous ceux qui étaient comme moi - ne sortaient pas non plus. Ce qui était sans doute le cas.

J'avais décidé de prendre un peu l'air. Après avoir réalisé cette mission aux côtés d'Aesir et Alekia, je m'étais enfermé dans ma tente et je n'en étais pas sorti pendant plusieurs jours. Avoir assisté à un tel bain de sang, et en plus, avoir failli y rester, m'avait fait me remettre en question. Etais-je fait pour le terrain ? De toute évidence, non. La seule chose que je pouvais faire, c'était guérir, ce qui pouvait s'avérer utile en combat, mais encore... J'y avais longuement réfléchi. Je ne pouvais pas me contenter de rester systématiquement à l'intérieur du camp alors que des gens allaient risquer leur vie en dehors. D'une façon ou d'une autre, je pouvais forcément aider. Et j'avais trouvé. Ma magie. Ma magie était curative, mais qu'est-ce qui m'empêchait d'essayer de jeter des sorts - qu'en savais-je - de soutien, par exemple ? Ainsi, lorsque mes potentiels alliés seraient au maximum de leur capacité, faisant de moi un poids mort, je pourrais me rendre utile. Fort de cette nouvelle résolution, j'étais sorti.

Mes pas m'avaient conduit sur la place du marché, où je n'étais pas retourné depuis un moment. L'affaire Lena, en fait. Alors que j'observai les différents marchands et leurs étalages, mon regard avait été attiré par un jeune garçon qui semblait tenter d'attirer l'attention des passants, pour une raison qui m'était complètement obscure. Malheureusement pour lui, à chaque fois qu'il apostrophait quelqu'un, cette personne l'ignorait ou lui riait au nez, avant de le laisser un peu plus dépité sans même lui jeter un regard.

Et finalement, au bout d'un moment, il dut se faire rabrouer une fois de trop, car il tourna brusquement les talons. Mais même de là où j'étais, j'avais pu voir son visage désespéré. Inquiet pour lui, je le suivis. Ou tout au moins essayai-je de le suivre, car la foule qui me séparait de lui semblait décidée à me le faire perdre de vue. Finalement, je me retrouvai hors du marché, et aperçut le garçon, qui s'éloignait de moi, tourner à l'angle d'une rue. Je ne courrai pas - après tout, courir après un inconnu qui avait semblé mal m'apparaissait comme étant un comportement étrange - mais j'accélérai le pas.

Je tournai au même endroit que lui, et me retrouvai dans une rue longue de plusieurs mètres mais sans issue. Et presque déserte. Le garçon que je filais depuis plusieurs minutes maintenant était là, adossé contre une maison. La seule chose que je pouvais voir de sa tête, c'était sa tignasse brune. Il avait enfoui sa tête dans ses bras, eux-mêmes posés sur ses genoux, et d'après les sanglots que je discernais alors que je m'approchais, il pleurait. J'arrivai à son niveau et m'accroupis pour être à la même hauteur que lui.

D'une voix que je voulais la plus douce possible, je l'abordai :

- Hey... Qu'est-ce qui t'arrive ?

Le garçon tenta de dissimuler ses larmes et de contenir le gloussement triste qu'il exécutait en respirant. Il essuya avec la manche de son pull d'un brun aussi foncé que ses cheveux, et finit enfin par répondre :

-Personne ne croit à mon histoire. Personne ne veut chercher le trésor du campement avec moi... J'ai cette carte mais j'y comprend rien...

Le jeune garçon la tendit à Alixandre. Sur cette carte était représenté le campement tout entier d'une simple forme ronde, ainsi que des lignes courbées et sinueuses dessinées en pointillées, donnant à différentes croix de différentes tailles et respectivement de couleur blanche et noir, alternantes et la taille des croix grandissant de manière croissante au fur et à mesure du parcours. A côté de chaque croix se trouvait une brève inscription, écrite cependant avec un soin qui laissait à désirer, rendant alors la carte difficile à décrypter.

-Je n'y arriverai jamais, je ne trouverai jamais le trésor... Lança-t-il, attristé, d'une voix enfantine qui berçait les oreilles du jeune soigneur.

Je pris la carte que le garçon me tendait. Et effectivement, ladite carte remplissait parfaitement le stéréotype de la carte menant au trésor caché. J'ignorais s'il y avait un trésor enfoui quelque part dans le camp, mais ce dont j'étais certain, c'était que tout sur cette carte le laissait croire.

Un chemin était dessiné, et composé de croix alternativement blanches et noires dont la taille était croissante. Cela voulait-il dire qu'il fallait, pour trouver le trésor, passer par tous les lieux du campement marqués d'une croix et qu'au fur et à mesure de notre avancement, on serait de plus en plus proche du trésor ?

Je me repris intérieurement. Rien ne certifiait qu'un tel trésor existait, et si trésor il y avait, quel genre de trésor était-ce ? Le genre de coffre rempli d'or, ou bien celui d'un gosse qui avait enterré le jouet fétiche de son chien pour que ce dernier le retrouve et qui avait peur d'en oublier la position ?

Quoiqu'il en soit, l'enfant qui me faisait face était persuadé de son existence. Que personne ne le croie semblait l'attrister, et après tout, je n'avais concrètement rien à faire de ma journée. Alors autant l'aider, non ? Je vins m'adosser contre la maison à ses côtés et lui montrant la carte, lui demandai :

- Et tu sais où on se trouve sur cette carte ?

-On est là, je crois...

Il indiqua de son petit doigt rougi par la froideur qui se dégageait sur le continent un endroit approximatif, proche la petite croix le plus au Nord de la carte, plus précisément à gauche et légèrement plus en haut, ce qui signifiait qu'il suffisait simplement de poursuivre vers le Sud-Est du campement pour arriver au premier endroit indiqué.

-Mais je comprends pas ce qu'il faut chercher, les écritures sont illisibles...

Le jeune garçon baissa ensuite la tête. Il soupira longuement et laissa échapper de la brume de sa bouche à cause de la fraîcheur des lieux, tout en frottant ses mains, bizarrement nues en une période aussi rude.
Après quelques secondes à tenter de se réchauffer les mains, il osa demander à l'aimable inconnu qu'était le jeune soigneur et membre de la compagnie, les yeux scintillant d'un éclat d'espoir.

-Tu pourrais les déchiffrer, toi ?

Hum... Il était vrai que la personne qui avait écrit cette carte n'avait pas une écriture très lisible. Je ne savais pas si je serai capable de déchiffrer ces inscriptions, mais rien ne m'empêchait d'essayer de comprendre la carte, si ?

Avec vivacité, je me levai et, tendant ma main au jeune garçon avec un sourire, je lui dis :
- On n'a qu'à aller au premier endroit indiqué sur la carte, et on improvisera sur place !

Le jeune garçon sourit, voyant qu'au moins une personne faisait attention à lui et lui accordait une confiance inexpliquée mais toutefois apprécié du jeune enfant. Il suivit le jeune soigneur dans sa recherche, en direction de la fameuse petite croix noire de la carte...

https://www.youtube.com/watch?v=xjMK3Eh88ls

Après plusieurs minutes de marche murés dans un silence agréable, Alixandre et le jeune garçon arrivèrent dans un endroit plutôt isolé, infestés par les ruines et la neige. Aucune trace d'êtres vivants de cet endroit du campement, comme un havre de recueillement ou de mort. A priori, rien de bien particulier, mais lorsqu'on regarde attentivement les dalles du sol, on se rend vite compte qu'il y a quelque chose d'anormal.
Un symbole est tracé sur le sol d'une couleur bleu foncé. Pas de la peinture, ni même du sang de monstre. C'est sans doute un résidu magique. Alixandre n'en a encore jamais vu auparavant, ou peut être très peu entendu parler. Dans tout les cas, la magie qui s'y dégage semble si rare et si prenante lorsqu'on s'y penche, mais quelque chose tracasse le jeune homme : Si cette aura qui s'échappe de cette marque est si forte, pourquoi n'y a-t-il aucun mage pour enquêter là-dessus ? Sans doute que cet endroit n'a pas encore été exploré depuis la destruction de la ville, c'était la seule excuse possible.
L'on a l'impression que le symbole est incrusté dans la pierre, toutefois, quelque chose nous dit qu'il n'a pas été fait en la volonté de l'homme, que ce n'est pas un symbole architectural. Non, Aymeric n'en a jamais parlé, et ça ne correspond vraiment pas au symbole de l'ancienne ville.

Le jeune garçon s'approcha alors du mage et du symbole circulaire barré d'une simple ligne droite vertciale sans pour autant ressentir la moindre sensation, seulement une joie immense de trouver quelque chose qui pourrait ressembler à un début de piste.

-Je suis sûr que ce symbole a un rapport avec la carte ! On devrait peut être essayer de comprendre l'écriture sur le plan ?

Que faire ?

Etrange...

La magie qui se dégageait de ce symbole était juste... saisissante. Mon jeune compagnon - dont je ne connaissais d'ailleurs toujours pas le nom - ne semblait pas ressentir les vagues de magie qui s'en émanaient. Je ne comprenais comment une telle zone du campement pouvait ne pas être balisée, interdite d'accès, surveillée, ou quelque chose dans ce goût-là.

Je fixai la carte. Dont les écrits étaient toujours aussi illisibles. Mais peut-être que c'était fait exprès, après tout. Si c'était vraiment une carte au trésor, la personne qui l'avait écrite ne devait pas vouloir que le premier venu puisse la décrypter.

Distraitement, je répondis au jeune garçon :
- Oui, c'est sans doute ce qu'on devrait faire. Comment t'appelles-tu au fait ?

Je m'accroupis près du symbole, la carte à la main.
- Je me demande...

Il n'y avait pas trente-six milles tests possibles à effectuer. J'aurai pu simplement poser ma main sur le symbole et voir s'il régissait à ma magie, puis s'il se passait quelque chose. Ca n'était pas la solution la plus raisonnable. Or, j'étais supposé être quelqu'un de raisonnable. Pourtant, ce que je fis ne l'était pas beaucoup plus.

Je ne savais pas à quoi m'attendre. Que le symbole s'illumine ? Que la carte devienne soudainement plus lisible ? Je n'en savais rien.

Mais je posai quand même la carte sur le symbole, ma main par-dessus, et j'attendis.

-Moi ? Demanda-t-il sans réfléchir. Moi, c'est...

Le symbole s'illumina soudainement d'une lueur bleutée incandescente de manière exagérée, encore plus aveuglante même que le soleil, surprenant le jeune garçon et le soigneur. Les yeux d'Alixandre en pâtirent un long moment, et il fallut plus de quelques secondes pour que la douleur cesse et pour qu'il puisse à nouveau revoir le monde autour de lui. Lorsqu'il rouvrit les yeux, les écritures se déformèrent, ou plutôt se redressaient de sorte à recréer une écriture lisible non italique, l'encre étant devenu elle aussi d'un bleu vif, la lumière qui s'y dégageait beaucoup moins forte et désagréable que celle qui avait surpris les deux compagnons.

-Ael. Lança-t-il, époustouflé par le spectacle auquel il venait d'assister.

Ael:

Il s'approcha de la carte et l'attrapa pour l'analyser de plus près, son visage s'égayant un peu plus encore.

-T'as réussi, tu es génial ! Lança-t-il à Alixandre.

Il la rendit alors au jeune soigneur pour qu'il puisse la contempler de plus près et observer ce qui avait changé :

Spoiler:

Avec un enthousiasme qui me fit sourire, le garçon me rendit la carte, que je pus alors examiner à loisir. Effectivement, elle était désormais bien plus lisible, quoique toujours incompréhensible. Je lis à voix haute :
- "Il y a un début à tout, et ce début à marqué le commencement de ma fin".

Je réfléchis un instant avant de dire :
- Peut-être que le début dont il est question correspond au début de la chasse au trésor. Auquel cas, maintenant qu'on a rendu la carte lisible, on peut se déplacer vers le prochain lieu indiqué. Qu'est-ce que tu en penses, Ael ?

Spoiler:

-Oui, allez viens on y va maintenant ! Fit-il en sautillant de nombreuses fois de manière excitée.

Le jeune soigneur Alixandre suivit donc le jeune enfant à la tignasse brune et aux yeux soudainement embelli d'une lueur d'espoir et de bonheur qui les guidait dans leur pas. Un long chemin de plusieurs dizaines de minutes commença, Ael et Alixandre suivant le trajet de la carte sans se poser la moindre question.

https://www.youtube.com/watch?v=JQlkfkvR9A0

Bercé par la hâte inlassable de la course du petit Ael, Alixandre arriva finalement à l'endroit indiqué sur la carte d'une croix noire moyennement grande, essoufflé. C'était une place en ruines délaissée elle aussi et surtout habitée par la végétation, les moisissures, le bois rongé par les insectes xylophages, et les vieilles pierres et briques poussiéreuses, et même quasiment en phase de granulation. Parmi toutes les habitations presque entièrement détruites par la guerre opposant les Ren'Kai et les habitants de cette ville, il y en avait une qui se démarquait plus que les autres. Cette habitation s'avérait être un magasin, et il avait la chance d'être quasiment intact, possédant encore tout ses murs et le toit recouvrant encore le petit bâtiment. Un magasin de musique, bien que délaissé lui aussi, sous l'emprise de la flore avec le temps qui s'était écoulé, sans aucun doute. On pouvait voir un petit panneau en bois légèrement rongé indiquant "Nous sommes fermés" marqué de peinture rouge grossière.

Arrivés sur la place, je pris le temps de reprendre mon souffle, analysant par la même occasion les alentours. Sérieusement, comment Ael faisait-il pour courir sur une telle distance à une telle vitesse après avoir sauté dans tous les sens ? Mes capacités physiques étaient égales sinon inférieures à un gamin. Youpi.

Encore une fois, la carte nous avait emmenés sur une place déserte. La nature avait repris ses droits sur cet endroit, et toutes les habitations étaient détruites, à l'exception d'une. Un magasin de musique.

Je regardai la carte pour y lire "La danse de la fée est la clé".
- On devrait aller voir à l'intérieur du magasin, dis-je à mon jeune compagnon.

Je me dirigeai alors vers ledit magasin de musique. Je tentai de l'ouvrir mais bien évidemment sans succès. Je me grattai l'arrière de la tête, ébouriffant mes cheveux. Note mentale : songer à apprendre, en plus des sorts défensifs, des sorts pratiques, du style de ceux qui permettent de déverrouiller des portes. Je poussai un soupir exaspéré alors que je prenais du recul.

Vu l'état des lieux, ça faisait un moment que plus personne n'y venait. La porte ne devait plus être très solide. Epaule en avant, je me jetai dessus, dans l'espoir de l'enfoncer.

Alixandre parvint avec une aisance rare à enfoncer la porte et roula sur le sol, surpris d'y être arrivé aussi facilement, déambulant quelques instants sur le parquet boisé encombrés de poussière et de mauvaises herbes s'y étant installées entre les quelques fentes du sol. Il se releva aussitôt et analysa alors les lieux :

L'établissement était beaucoup plus petit qu'il ne le paraissait de l'extérieur. Il y avait des tonnes d'instruments de toute catégories, rangés ou non à des endroits bien précis, reposés sur des murs ou maintenus par des étagères élevées, ce qui n'avait empêché la stupéfaction du jeune garçon lorsqu'il entra juste après le soigneur. Il alla aussitôt les contempler de plus près et en ramasser certains pour, à priori les essayer. Finalement, il s'abstint en constatant leur état sale et, parfois même, une partie de ceux-ci cassée. Pendant ce temps, Alixandre avait continué l'inspection des lieux :

Un comptoir proche de lui maintenant, lui aussi du même bois que les murs, le sol et le plafond, était tout aussi poussiéreux que tout l'intérieur de la bâtisse mais aussi, et étrangement, vide, dénué d'objets que possèdent généralement un gérant. Pas de sonnette, ni de petit objets supplémentaires à vendre, sans doute que le comptoir avait été débarrassé de ces objets encombrants il y a de cela très longtemps.

Alixandre souhaite-t-il approfondir l'analyse ?

- Il y aurait bien besoin d'un petit nettoyage de printemps, par ici, murmurai-je.

La boutique était remplie d'objets - et de poussière, mais étrangement, le comptoir était vide. J'ignorais ce qui avait conduit à l'abandon de cet endroit, mais le fait était que, si le gérant avait dû partir précipitamment, il n'aurait pas pris la peine d'emporter ce qui se trouvait sur son comptoir. Et si son départ avait été anticipé, comme celui de toutes les personnes vivant aux alentours, il ne se serait pas contenté de récupérer les biens qui se trouvaient sur son comptoir, il aurait au contraire récupéré tout ce qu'il aurait pu. Et de toute évidence, les étagères montraient qu'il n'avait pas récupéré grand chose.

Ca n'avait pas de sens.

Me tournant vers Ael, et désignant le comptoir de la main, je lançai :
- Tu veux bien m'aider à examiner ce comptoir de plus près, s'il te plaît ? Je ne sais pas s'il y a un lien avec la carte, mais il y a quelque chose qui cloche avec lui.

Analyse approfondie Comptoir

En fouillant de fond en comble le comptoir, Alixandre fit la découverte d'objets cachés par celui-ci vu de l'extérieur. Enfin, par caché, l'on sous-entendait tout simplement des objets rangés dans les tiroirs qui n'étaient pas accessible en se plaçant comme client. Alixandre et Ael sortirent une petit boîte en cuir et aux bordures dorées, intacte. Elle était verrouillé par un code à deux chiffres que le jeune soigneur et Ael étaient incapable de deviner sur l'instant. On y retrouva aussi une lettre écrite à l'encre bleu foncée. La lettre était lisible, mais grossièrement rédigée et incroyablement italique, tout comme l'écriture autrefois illisible de la carte. Alixandre retrouva aussi un morceau de papier blanc, légèrement déchiré sur les bords, et jauni par l'insalubrité des lieux. Cela l'avait interloqué, qu'une chose aussi inutile soit restée rangée dans un tiroir, il se décida à la garder quand bien même.
Il n'y avait rien d'autre d'intéressant, si ce n'était que l'on pouvait constater la clé du tiroir au sol, dénonçant qu'il avait déjà été ouvert auparavant sans être refermé, confirmant cette information lorsqu'Alixandre ouvrit le tiroir sans son aide.

Recu :
1x Boîte à musique
1x Lettre
1x Morceau de papier jauni

Lecture de la lettre:

-Oh, une boîte à musique... S'étonna Ael. Je n'en avais jamais vu d'aussi belle avant, on peut l'ouvrir ?

- J'aimerais bien qu'on puisse, lui répondis-je. A tous les coups, il y a aura une petite fée à la place de la ballerine et l'indication de la carte prendra tout son sens ! plaisantai-je.

Je jetai successivement un regard à la boîte à musique, la lettre et le morceau de papier jauni, avant de m'arrêter sur celui-ci. Ca n'avait pas de sens, de laisser un morceau de papier dans un tiroir, surtout s'il n'était pas en parfait état. Enfin, si, c'était logique, dans un sens, de le retrouver dans un tiroir. Mais certainement pas dans le tiroir d'un comptoir de vente. Cela dit, une lettre d'au revoir n'était pas non plus supposée s'y trouver. Et la clé qui verrouillait normalement le tiroir n'aurait pas dû se trouver au sol, c'était plutôt le genre de choses qu'on gardait sur soi, même si, de toute évidence, le gérant de la boutique n'était pas parti avec et avait dû la laisser pour sa femme.

J'ébouriffai pensivement mes cheveux, alors que je tentai de faire le lien entre tous les éléments que nous avions. Et comme je ne le voyais pas, je décidai de tenter quelque chose de complètement stupide, qui n'avait pas plus de sens que celui que je tentais de donner à nos indices.

- Si ça marche, lançai-je à Ael avec un sourire en coin, je crois qu'on pourra dire que nous sommes bénis.

Bêtement, je posai le papier jauni sur le verrou, ne sachant pas moi-même ce que j'espérais. Que le code s'affiche comme par magie sur le papier ?

Hélas, déposer le papier jauni sur le verrou n'apporta rien au jeune soigneur et au petit Ael, qui se contenta de regarder longuement la boîte en cuir en attendant qu'un miracle se produise, jusqu'à finalement se lasser et en s'en aller en soupirant, à nouveau vers les instruments qui l'intriguait tant. Il passa sa main sur l'un des imposants instruments à vent, de couleur dorée, en le contemplant de plus près, pour finalement demander, en dépoussiérant sa main désormais parsemées de peluches grises :

-Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On a une boîte à musique qui ne sert à rien, un bout de papier jaune et une lettre d'au revoir, ça ne nous mène pas vraiment vers la piste d'un trésor...

Son regard vint se poser sur la porte fermée se trouvant derrière le comptoir.

-Tu crois qu'on devrait jeter un oeil à l'arrière de la boutique ?

Mouais. La chance ne pouvait pas marcher à tous les coups. Peut-être que le papier n'avait aucune importance, au final. Je le gardai cependant, simplement au cas où.

Je tournai la tête vers la porte que désignait Ael. Il avait raison, il était avisé d'explorer l'arrière-boutique.

- Oui. De toute façon, on a du temps à perdre !

Je m'approchai de la porte, qui était bien entendue fermée.

- Ils auraient pu laisser la porte ouverte quand même... Ca m'aurait bien arrangé, marmonnai-je.

De nouveau, je me plaçai latéralement, épaule en avant, et rentrai avec force dans la porte, bien que je n'ai pas pris d'élan ce coup-ci.

7+1-5= 3

Échec.

Malheureusement, la faible puissance musculaire du jeune soigneur ne parvint pas à venir à bout de la solide porte en bois, probablement bloquée par un monticule de ruines de l'autre côté ou tout simplement pourvue d'un verrou beaucoup trop tenace. Voilà que le jeune homme ressentait une douleur passer tout le long de son épaule légèrement rougie par l'impact inefficace.

Ael soupira longuement dès qu'il eut constaté que rien ne pouvait les aider pour brûler cette porte ou l'ouvrir, il finit par se diriger à l'extérieur de la batisse.

-On devrait y aller, j'ai hâte de voir ce qu'on trouvera dans les autres endroits ! Suggéra-t-il, pressé, oubliant comme si de rien n'était l'échec qui venait de se produire sous ses yeux.

Que faire ?

Aïeuh ! Non seulement cette fichue porte n'avait pas daigné bougé, mais en plus, elle m'avait fait mal à l'épaule. Alix pas content !

Ael proposait de se rendre à la croix suivante, étant donné que nous n'arrivions pas à avancer plus que ça en restant ici. Il était vrai que je ne voyais pas comment nous pourrions ouvrir la porte sans que je me déboîte l'épaule. En réalité, il était plus probable que je me déboîte réellement l'épaule et que la porte reste fermée plutôt que l'inverse. Je réfléchissais aussi vite que je le pouvais. Nous avions trouvé la boîte à musique, qui était indubitablement liée à la carte, mais que nous ne pouvions pas ouvrir, faute d'avoir le code adéquat. La porte était fermée, et rien d'autre dans la pièce ne pouvait nous aider.

Au pire, si nous partions maintenant, rien ne nous empêcherait de revenir si cela s'avérait nécessaire.

- Ok, allons-y en ce cas, dis-je au garçon.