Cela faisait plusieurs jours depuis l'incident avec la pierre. La plupart des blessures d'Aesir avaient globalement bien cicatrisées et il n'éprouvait plus trop de difficultés à marcher. La fleur de cristal du mage avait sévèrement touché le muscle et il lui avait fallu du temps avant que son léger claudiquent ne disparaisse complètement... Veheniem n'était pas revenu au camps depuis leur altercation. Le loup noir semblait être passé en revanche, l'ensemble des livres se trouvant à l'intérieur de la tente du mage ayant mystérieusement disparu pendant la nuit... 

Le soleil se levait lentement sur le village, le Soleil projetant les larges ombres des bâtiments sur une encore très longue distance. Quelques nuages venait gâcher le bleu du ciel. Ils ne semblaient pas menaçant toutefois. Il s'agirait sans doute d'une journée comme les autres au sein du campement.

Collecter les blessures semble être mon passe-temps en ce moment. Je n'en ais jamais reçu autant. Enfin si, cette fois là j'en ai reçu tellement plus... Non, ne pas y penser. Je dois éviter de repenser à ça, sinon j'ai du mal à me contrôler après.

Je regarde le camps depuis mon arbre, et m'interroge une fois de plus sur mon avenir. J'ai rejoint cet endroit pour trouver la paix. Je l'ai trouvé, mais j'ai découvert quelque chose que je n'aurais absolument pas voulu savoir. Ce que je suis... Ou plutôt l'origine de ce que je suis. Maintenant, en faisant me laissant aller, je peux presque entendre une pulsation en moi, comme un deuxième cœur. Un cœur de noirceur et de ténèbres, qui susurre une envie de mort et de sang...

Je saute du haut de l'arbre, et atterrit avec souplesse. Je me dirige vers la forêt. Là-bas, je me sens plus calme. Il y a moins de monde, et mes envies de carnages diminuent. Je me met à marcher, laissant parfois une griffes érafler légèrement une écorce. A moins que l'arbre ne proteste, cela reste quelque chose d’inoffensif...

La forêt semblait assez calme, comme à son habitude... Quelques oiseaux gazouillaient tranquillement depuis la cime des arbres. Il n'y avait pas grand chose à voir à la lisière. En réalité, à part le petit groupe de dragons dorés se situant au cœur de celle-ci et cette mystérieuse épée, il n'y avait pas grand chose de particulier... Alors que le guerrier avançait sur l'une des pistes animales du bosquet, il ressentit un puissant courant d'énergie magique lui traverser le corps pour se diriger vers le nord. C'était un peu comme si sa vitalité était soudainement drainée par une puissance mystérieuse... Cela de dura qu'une fraction de seconde, néanmoins la sensation de vide intérieur persista quelques temps...

Le courant glacial passa en un éclair. Durant un instant, c'était comme si toute la chaleur qui m'entourait avait été aspirée par ce courant. Tout ce qui se trouvait autour de moi semblait s'être... comme vidée d'une partie de sa force. C'était la meilleure manière de décrire les choses. Je me met à courir vers le nord, vers la direction de cet afflux mystérieux. Coupant par une piste, je me retrouve d'un seul coup, à un embranchement, juste en face d'une silhouette couverte d'une fourrure sombre. Surpris, je la dévisage avant que le déclic ne se fasse. L'hybride de loup.

- Que fais tu ici ? Demandais-je d'un ton neutre, n'ayant pas d'à priori vraiment déterminant sur lui.

Edern lui accorda un demi regard, gardant ses bras croisés. Il semblait avoir perçut la présence du guerrier depuis un long moment déjà. Comme seule réponse il fit un mouvement de la tête pour désigner un endroit un peu plus loin. Une sorte de clairière se profilait un peu plus loin. Les couleurs semblaient s’atténuer peu à peu jusqu'à devenir improbables. Les arbres la bordant semblaient tous morts ou sur le point de dépérir et l'herbe avait complètement disparue, ne laissant qu'une terre dénuée de végétation. Comme prise dans une étrange sphère suintant la décadence et la mort, cette portion de la forêt semblait avoir été arrachée à un autre monde. 

Le vague courant d'énergie magique qu'avait ressenti Aesir plus tôt se fit à nouveau sentir, bien plus puissamment cette fois. L'étrange bulle gonfla alors, absorbant une partie de la végétation à l'intérieur. Cette-dernière ne tarda pas à flétrir jusqu'à partir en cendre et être soufflé par un vent qu'aucun des deux guerriers ne ressenti.

Ai je déjà vu ça quelque part ? Ma mémoire me démange... La végétation est tombé morte, en poussière fine. Je m'approche de l'endroit, intrigué malgré le danger évident. Je finis par m'arrêter à quelque mètres de la zone morte. Quelque chose de très puissant, mais aussi de profondément malsain imprègne cet endroit. Je m'approche encore de cette espèce de clairière...

Une fois de plus, le courant d'énergie magique se fit sentir. La bulle sembla augmenter de volume. Je recula alors le plus vite possible, mais ma main fut effleuré. Je ne ressentis pourtant pas ce à quoi je m'attendais. De la douleur, de la surprise. Mais pas de voir ma main intacte, et une pernicieuse sensation de familiarité m'envahir....

Je recule plus encore. Pas de doute. J'ai déjà ressentis ça. Mais je n'arrive pas, ou peut-être ne veut pas, m'en souvenir....

Le loup passa à coté d'Aesir et passa sa main à travers la surface de la bulle. En forçant le passage, de fines étincelles noires surgirent de la paroi. Serrant les dents, il passa en force et se retrouva de l'autre coté. Depuis l'autre coté, son pelage semblait soudainement être devenu blanc, comme le reste de sa tenue... Néanmoins pour Edern tout paraissait normal de son coté. L'intérieur de la bulle n'avait aucune végétation. La terre profondément meurtrie était réduit à un mélange de roche et de poussière à l'odeur de cendre. Au loin un large lac s'étendait, même si l'eau avait une couleur quelque peu troublante. Une fois certain qu'il n'y avait aucun danger, Edern, la main droite toujours fermement serrée sur la poignée de son épée fit signe à Aesir de traverser à son tour.

-Viens.

Les sons étaient particulièrement distordus pour le guerrier, néanmoins, il comprit sans trop d'efforts.

Il me semble que la zone semble sans danger si l'ont la traverse. Je passe à mon tour, ressentant une légère résistance, comme pour trancher une chair grasse. Je fini par ma glisser à travers, sans prêter attentions aux étincelles noires qui dansèrent à la limite du champs lors de mon passage. Les couleurs redevinrent normale dans mon champs de vision.

Apparemment tout est mort ici, même le sol semble avoir été détruit.Je me dirige vers le lac, tout en examinant attentivement les alentours. Ce qui est à l'origine de cela doit être quelque part à l'intérieur de cet espace étrange.

https://www.youtube.com/watch?v=DB6d-t09j-0

En le regardant pénétré à l'intérieur, Edern confirma ce qu'il savait déjà. Les gens normaux ne pouvaient tout simplement pas y pénétrer sans en mourir presque instantanément. Il n'y avait pas la moindre énergie magique à des kilomètres à la ronde et le temps s'y écoulait de façon si irrégulière qu'aucune forme de vie normale ne pouvait soutenir la chose. Si celui qui avait traversé le champ avait été quelqu'un d'autre, il aurait certainement fini en cendre comme les plantes à l'entrée. Néanmoins le loup se garda de lui raconter cela afin de ne pas à avoir à subir une conversation où il serait obligé de s'étendre sur lui même. 

L'eau du lac semblait avoir été échangée ou transformée en une sorte de liquide irisé bouillonnant légèrement. Le loup s'approcha alors de la rive pour se placer à coté du guerrier. Il tira de l'intérieur de sa veste un morceau de papier rectangulaire qu'il laissa tomber à la surface. Immédiatement, il se mit à fondre en dégageant une fine fumée noirâtre. En quelques secondes, il n'y avait plus rien et lac avait retrouvé son aspect naturel. Au vu des propriété corrosives de ce liquide, la nage était clairement exclue.

-Il faut trouver un autre chemin...

Par ou aller maintenant ? Trouver le cœur de cette zone serait l'idéal, mais j'ignore comment. Ou alors... Je reviens sur mes pas et revient là ou se trouvait la limite peu de temps auparavant. Je tente de m'ouvrir au maximum à mes perceptions. Au bout de quelques secondes, le courant passe. Mais trop vite. Je ne parviens à ressentir plus qu'une vague direction. Mais cela devrait suffire. Je retourne près du lac acide et montre la direction au loup.

- Par là.

En contournant le lac, le loup et le danseur eurent l'impression d'avancer dans le vide tant le paysage semblait être exactement le même... L'absence de vie et de bruit en dehors des pas des guerriers sur le sol aride rendait l'atmosphère particulièrement oppressante. Le lac ondulait doucement mais aucune des vaguelettes ne provoquaient le moindre son. Il devenait de plus en plus évident qu'en dehors d'eux, il n'y avait rien à des dizaines de mètres à la ronde, et pourtant il était difficile de ne pas ressentir une désagréable impression...

Après plusieurs minutes de marche, ils arrivèrent devant une sorte de large pont de pierre grisâtres. Une grande partie s'était effondrée rendant ce point de passage inutilisable pour le commun des mortels... Un peu moins de cinq mètres séparait l'une des extrémités de l'autre.

Que faire ?

Le pont est brisé. Mais à quel point ? Hum.... Je peut peut être sauter assez loin pour passer. Mais après la démonstration avec le papier, je ne sais que faire. Non, je prend le risque. Si je n'agis pas, autant m'allonger par terre et attendre la mort. Je prend le plus d'élan possible, prêt à sauter par dessus. J'ai réussi à atteindre un Suma'ha en vol. Je devrais réussir à passer cet obstacle.

Pont : Difficulté (6)
Aesir : Agilité (10)
Score nécessaire (2)

Tentative saut

Veheniem a effectué 1 lancé(s) d'un 10 :

7

Aesir sauta aussi loin qu'il put et retomba de l'autre coté dans une roulade contrôlée. Il se releva alors souplement. Edern ne tarda pas à l'imiter après s'être concentré un instant.

Le loup sauta avec aisance les quelques mètres séparant les deux extrémités du pont. Il retomba de la même manière, la main toujours positionnée sur la poignée de son épée, prêt à dégainer face à un éventuel ennemi. 

Un peu plus loin devant eux se profilait une série de ponts dans un état légèrement meilleur que le précédent. A l'horizon, au milieu du lac se trouvait une étrange construction en ruine. Une sorte de temple aux pierres partiellement noircies, un peu comme si le bâtiment avait été victime d'un incendie il y a plusieurs années de cela. Au moment où les deux guerriers continuaient d'avancer la sensation de vide revint les hanter tous les deux, bien plus forte que les fois précédentes. La sources se trouvait sans aucun doute juste devant eux... 

-Pourquoi es-tu ici ?

Le loup était soudainement sorti de son mutisme. Quand bien même, il restait toujours sur ses gardes.

Je continue de marcher, mais je tourne mon attention sur lui. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me pose ce genre de question. Autant lui répondre franchement.

- Parce que je ne sais pas bâtir. Je ne sais pas cultiver la terre. je ne sais pas comment faire de l'artisanat. Mais je sais me battre. Donc je me bat contre ce qui menace ce qui est important à mes yeux. Parce que c'est tout ce que je sais faire.

Une pause.

- Et pourquoi toi, tu te trouve ici ?

Edern ne répondit pas immédiatement. Il continuait de fixer les eaux acides du lac, se méfiant de chaque recoins. 

-Mon maître s’inquiétait. 

Il se limita à ça et continua sa marche. Les ponts semblaient relativement solides et il n'y avait aucun indices d'un éventuel danger.

Son "maître" ? Le drago-mage ? Intéressant. Je note ça dans un coin de ma tête avant de continuer à examiner les alentours. Nous nous rapprochons peu à peu, je le sens. difficile de passer à côté en même temps, avec la tenace sensation de se faire aspirer petit à petit...

Après plusieurs minutes de marche, ils arrivèrent tous les deux en face du temple. Il n'avait pour ainsi dire rien de spécial. Une large partie du bâtiment s'était effondré sous le poids des années. Les murs avaient de larges traces de suie partant de la base du bâtiment pour venir lécher le premier étage. L'endroit avait probablement été délaissé depuis des années. L'intérieur était particulièrement sombre en tout cas et n'était pas réellement propice à l'exploration.

C'est donc là la source de ce qui arrive à la zone... Je commence à explorer avec méfiance l'endroit. Bien qu'il ait l'air abandonné, je me méfie de ce qui peut potentiellement vivre ici. Si nous sommes ici, alors des créatures bien moins agréables peuvent aussi y être.

Il n'y avait que quelques pièces au rez-de-chaussée. La plupart étaient en ruine et rien ne laissait transparaître de la fonction qui avait pu être la leur dans le passé. A priori, il n'y avait rien d'intéressant. Un escalier circulaire s'enfonçait dans les profondeurs au fond du hall principal... Il était encore moins bien éclairé que le reste du bâtiment et sa destination se trouvaient dans des ténèbres pratiquement absolues. Un autre escalier assez vétuste et branlant menait au premier étage, maintenant à découvert suite à la chute du toit...

Où aller ?

Je m'engage vers le toit. Pas seulement pour vérifier, mais aussi parce que si il est nécessaire de descendre par la suite dans les souterrains, je préfère avoir pu regarder le ciel avant. Ma légère claustrophobie se calme facilement par ce genre de petites choses.

Le premier étage était encore plus en ruine. Il n'y avait qu'un plancher fissuré formant un pont entre l'escalier et une pièce un peu plus loin, sa porte étant visiblement fermée et assez ancienne. Il n'y avait aucun moyen de savoir ce qui se cachait derrière. En dehors de ça il n'y avait que le ciel grisâtre au dessus, la couleur probablement déformée par cet étrange endroit.

De son coté le loup commença à fouiller en bas. Cherchant à déblayer quelques gravats d'un coup de patte rapide. Après plusieurs minutes de recherche il tomba sur un vieux coffre de métal poussiéreux caché dans ce qui avait du être un renfoncement, il y a bien longtemps de cela...

Que faire ?

Je ne vais pas laisser une porte m'arrêter. Je tente de l'ouvrir de force, et si cela ne suffit pas, de la défoncer. Je suis curieux de savoir ce qu'il y a derrière. Si d'aventure quelque chose arrive au loup, je pense que je l'entendrais. Au pire il doit bien pouvoir se débrouiller seul quelques instants.

Je soupire simplement en voyant la couleur du ciel. C'est presque déprimant.