D'un geste rageur, je donnai de nouveau un coup de poing dans mon oreiller, qui commençait clairement à ne plus pouvoir les encaisser. Mais quel imbécile étais-je ! Un foutu incapable ! Un idiot undesdébiles !

Le jeu de mots mental ne me fit même pas sourire mentalement. Ma colère était trop grande. Ce qui n'était pas peu dire.

Je mourrais d'envie de me cogner la tête contre le mur, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ca n'aurait été que justice.

A cause de ma maladresse - par MA faute -, une jeune femme dont j'étais convaincu de l'innocence était désormais condamnée à finir sa vie en prison. Pour un meurtre dont ma maladresse l'avait rendu indéniablement coupable. Aucune de mes tentatives ou de celles du mage pour prouver son innocence n'avaient porté leurs fruits, et j'en étais pleinement responsable.

J'avais effacé les preuves qui l'auraient sauvée, par tous les dieux !

Je me levai brusquement, et lançai mon pied contre le sommier du lit, empli d'un dégoût envers moi-même qui atteignait son paroxysme. Bien entendu, je me fracassai les orteils contre ma cible, qui se contenta de tremblait légèrement, et cela ne fit que décupler ma colère alors que je sautillais de douleur sur place.

Un faible tintement indiqua que mon épée, qui était appuyée contre le sommier sur lequel s'était abattue mon ire avec une efficacité destructrice - surtout pour mes doigts de pieds -, venait de tomber.

Toujours de façon abrupte, je la ramassai, et alors que j'allais la reposer là où elle était avant qu'elle n'eut chu, une idée que je n'aurais jamais eue de moi-même si j'avais été dans mon état normal me traversa l'esprit.

Quel était, d'après mon père, le meilleur moyen d'évacuer sa rage et sa frustration ? Combattre.

En un instant, ma décision fut prise. Cela faisait un petit moment que je ne m'étais pas rendu sur le terrain d'entraînement. Il était plus que temps d'aller rendre visite à ses habitués, de jouer au fin bretteur avec l'un d'eux, et de s'y épuiser, en espérant que cette sensation soit purgatoire.

Et avec un peu de chance, peut-être arriverai-je même à me faire tuer ! Ca résoudrait au moins le problème de ma culpabilité de manière définitive...

Je ceignis prestement mon épée autour de ma taille, et quittai ma tente en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. D'un pas vif, je parcouru les allées du camp, et ne pris même pas la peine de saluer les gens que je reconnaissais et qui me disaient bonjour, tout sourire évanoui de mon visage (ce qui prouvait bien que quelque chose n'allait pas).

Finalement, j'atteignis ma destination. Il n'y avait que peu de monde. Mais les présents avaient au moins l'avantage de ne pas avoir l'air de novices. Parfait.

Un volontaire pour m'embrocher ?

J'observai rapidement les personnes présentes. Deux en particulier attirèrent mon regard.

La première était placée au centre du terrain et semblait attendre quelque chose. Un défi, peut-être. Des cheveux blancs contrastant avec une peau proche de l'ébène, des yeux vairons. Ses mains et ses pieds étaient terminés par des griffes qui paraissaient bien aiguisées. De toute évidence, celui qui trônait sur le terrain n'était pas humain.

La seconde semblait au premier abord être un homme, mais après un examen plus précis de son visage, je m'aperçus que ses oreilles étaient pointues. Un elfe ? Armé d'une lance, il était grand, possédait des cheveux tirant sur le châtain et des yeux verts. Si son visage est fin, il ne semblait cependant pas aussi elfique que ce que j'avais pu entendre dire. Peut-être était-il plutôt un demi-elfe...

Je respirai un grand coup, et m'avançai d'un pas déterminé vers le premier, celui qui se trouvait en plein milieu du terrain sablonneux.

- Salut, soufflai-je. On échange quelques coups ? ajoutai-je de but en blanc.

Jamais je n'avais été si désireux de me battre.

J'acquiesçai sombrement. En temps normal, j'aurais éclaté de rire : comme si j'étais capable de tuer quelqu'un ! Mais en temps normal, je ne serais jamais venu de mon plein gré sur un terrain d'entraînement et demandé à me battre avec un type qui a exhale la puissance.

Je dégainai l'épée de mon père. Il était temps qu'elle serve. Fini de jouer désormais, c'était une véritable arme.

Et le plus bêtement du monde, je l'attaquai frontalement.