Je plonge un instant dans mes souvenirs, avant de répondre, oubliant la personne qui m'a posé la question.

- Une petite clairière ou se trouve des buissons épineux très dangereux. Les aiguilles font la taille d'une pointe de flèche et sont extrêmement pointues, tout en ayant de petits barbillons qui les rendent très durs à extraire sans douleur. Une nichée de lézards dorés s'y trouve, protégés des prédateurs par les buissons. C'est un endroit sur, car les prédateurs l'évitent.

Je me rappelle encore de la nuit que j'y ai passé, et du temps qu'il m'avait fallu pour stopper l'hémorragie après m'être frotté de trop près aux aiguilles...

J'acquiesce en silence.

- Nous pourrions aller y passer la nuit. Peu de dangers possibles, en effet, et des plantes de grande utilité doivent se trouver dans les environs.

Je regarde Aesir. Il n'a pas l'air enchanté, comme s'il se souvenait de douloureuses mémoires.

- Est-ce que tu sauras t'y rendre ? Si tu me décris ce dont tu te souviens je devrais pouvoir le chercher.

La forêt est mon domaine, là où j'ai vécu toute ma vie. D'une forêt à l'autre, certaines choses restent les mêmes, et je n'aspire qu'à faire de celle-ci mon nouveau territoire de chasse.

- Bien sûr. Le sentier est toujours présent d'ailleurs. Venez...

Je les guide facilement à travers le dédale d'arbre et parvient rapidement à la clairière, telle que dans mes souvenirs. Mais un spectacle inattendu s'offre à nous : Une dizaine de lézards chatoyants allongés sur le sol, reflétant le soleil et renvoyant une couleur or enchanteur. Je met le bras devant mes compagnons pour les stopper. Je n'avais encore jamais pu les observer prendre le soleil ainsi, dans tout leur éclat, et je tiens à le faire aussi longtemps que possible.

Je cligne des yeux, fascinée. Les lézards dorés sont très rares et ne se montrent guère ainsi. Un long moment je reste à les admirer. Je ne ferai pas le premier mouvement. Pas alors que j'ai le droit d'admirer un si beau spectacle.

Après avoir bêtement attendu quelques minutes je dépasse les deux guerriers en me glissant rapidement entre eux. 

-Lézards ça ? Tssk.

Mon corps se recouvre de lui même d'écailles translucides et des griffes bleutées sortent du bout de mes doigts alors que mes pupilles se fendent à nouveaux. A mon approche rapide, la plupart des reptiles tournent leurs têtes pour m'observer mais ne s'enfuient pas. Ils finissent par retrouver leur posture tranquille. Je lève le bras à l'intention de mes compagnons sans me retourner.

-Séléris. Demi-dragons, pas des lézards. 

Je tends la main en direction de l'un d'eux, et probablement attiré par l'odeur de mon sang, il grimpe joyeusement le long de mon bras pour se nicher sur mon épaule.

-Vous pouvez venir.

Demi-dragons. Pas lézard.
Demi-dragons pas effrayés par un humain qui a des pouvoirs étranges. L'équation n'est pas difficile à résoudre. Sa magie doit venir des dragons. Comment et pourquoi, je ne sais pas, et à la limite, je m'en fiche. Mais pourquoi seulement de la glace ? Ce ne sont de loin pas les seuls dragons...

En tout cas, peu de gens ont pu jamais approcher des lézards dorés et je ne laisserai pas passer cette occasion. Tout doucement, pour ne pas les effrayer, je passe à travers la barrière de buissons, me faufilant avec la grâce héritée des elfes entre les épines tranchantes. Aucune ne m'effleure et j'avance ensuite lentement dans la clairière. Un est tout proche et je m'accroupis à ses côtés, tendant la main. Il renifle mes doigts et je le laisse faire, avant de toucher tout doucement le dessus de son museau, le caressant délicatement.

C'est incroyable... je ne crois pas que beaucoup d'humains ou semi-humains ne puissent s'approcher aussi près d'eux.

Je m’approche à mon tour, reprenant par instinct l'invisible chemin entre les buissons qui m'évite les blessures, mais constate que les lézards semblent se réfugier plus près du mage à mon approche. Je soupire discrètement. Les animaux, du moins les plus sensibles, semblent toujours autant me fuir. Et puis cet homme... Non. Il ne doit pas être totalement humain. Si ces créatures se laissent approcher ainsi, c'est visiblement qu'elles l'identifient comme un semblable. Il aurait du sang de dragon ? Je n'avais jamais, que ce soit de près ou de loin, observé l'une de ces créatures ou bien une semblable. Je le regarde d'un œil neuf. Un affreux pressentiment me taraude soudain, et mes poings se serrent à cette pensée.

- Des dragons, en possèderait tu les ailes ?

D'une froideur absolue, ma voix résonne dans la clairière. Un brasier de jalousie commence à me percer le cœur, et je doute pouvoir le retirer si ce que je pressens est juste...

En me retournant vers lui, je perçoit une sorte d'intérêt plutôt intense. Je ne sais pas vraiment quel genre de réponse il attend, et cela m'importe peu. Je hausse simplement les épaules en faisant descendre le petit dragon de mon épaule et le prendre dans mes bras. Mes ailes translucides se forment peu à peu, grandissant lentement jusqu'à être d'environ un mètre chacune. Une fois parfaitement formées je les déploie entièrement pour lui permettre de les voir aisément. Je n'aime pas vraiment exhiber ce genre de chose, mais... son odeur me pousse à faire un effort...

Le brasier s'embrase d'un seul coup. Le voir ainsi... Mes muscles se tendent, je m'accroupis légèrement, comme sur le point de bondir. Il n'a pas le droit... Il ne devrait en avoir le droit. Il peut pas ! Je frappe de toute mes forces. Mais pas là ou Sterna, qui avait senti le danger, s'y attendait. Un bruit mat résonna tandis que mon poing percuta le sol lorsque je tombait à genoux. Un océan de douleur et de peine avait remplacé la rage, et je m'y noyais.

- Pourquoi.... Pourquoi... Pourquoi ?

Je frappait de nouveau le sol, et cette fois un craquement sinistre se fit entendre lors du contact avec le sol, et que la douleur remontait le long du bras meurtrit. Mes larmes coulaient, indifférentes, tandis que de profonds sanglots me secouait. Je ne parvenais pas à le supporter, et mes paroles sortaient, hachées.

- Quelle farce.... Je ne peux.... une telle honte... Pourquoi ne suis-je... pas mort à ce moment ?

Recroquevillé sur le sol, je ne prête plus attention à rien. Mon univers se réduit à ces ailes, ce ciel qui m'est à jamais interdit. Et qui, dans une suprême cruauté, est ouvert à d'autre.

Je n'hésite qu'un instant avant de m'accroupir à ses côtés. Je dois dire que je m'étais attendue à ce qu'il fonce sur le mage, certainement pas à ce qu'il s'effondre ainsi. Mais visiblement la souffrance a été retenue trop longtemps. Doucement, j'avance ma main et la pose sur son épaule. Peut-être va-t-il frapper en retour, mais je sais également que l'absence de contact d'un semblable est cruelle, une souffrance supplémentaire qui s'ajoute aux autres.

- Mage, fais-je doucement. Peux-tu nous laisser seuls quelques minutes ?

Aesir regrettera d'avoir été vu en état de faiblesse, je le sais. Je n'attends pourtant pas de voir si Vehn s'éloigne effectivement avant d'appeler mon compagnon d'armes.

- Aesir... demi-lézard, est-ce que tu m'entends ?

Aucun signe comme quoi il m'entendrait effectivement.

- Lézard, je suis une demi-elfe, fais-je d'une voix calme. Mes, hm, parents elfes ne m'ont jamais appréciée, je ne savais pas, hm, faire de magie... mais ils m'ont tout de même appris quelques petites choses.

Il ne réagit toujours pas. Je ne sais même pas pourquoi je me mets à lui raconter ma vie, mais c'est la seule chose à laquelle je peux penser. Alors je continue.

- Parmi ces choses, ils m'ont appris une règle très importante en magie. Tout ce qui a été fait peut être défait. Et tout ce qui a été défait peut être refait.

Ma main se resserre sur son épaule.

- Ne perds pas espoir, demi-lézard, ou alors ceux qui t'ont fait ça auront gagné. Vivants ou morts, ils t'auront vaincu, et je sais que tu es trop fort pour ça. Sans doute pas aujourd'hui, mais tes ailes peuvent être retrouvées. Cela prendra sûrement du temps, cela sera sûrement difficile, certainement dangereux, peut-être mortel. Mais vas-tu les laisser gagner, ou vas-tu te battre en sachant que, quand le temps viendra de les retrouver et de voler à nouveau, tu ne seras pas seul, tu auras quelqu'un à tes côtés pour t'aider et te soutenir ?

Ma main se resserre encore un peu, puis je m'éloigne et me relève.

- Le jour où tu voleras à nouveau, annonce-je d'une voix calme, ce jour-là tu les auras vaincus, et tu seras à nouveau libre.

Une chaleur. La chaleur d'un corps, d'une main. Qui reste, puis se rétracte. Doucement. Et une voix. Une voix que je connais. Elle perce à travers le brouillard, passe à travers la grisaille. Elle veut me ramener. J'hésite. Pourquoi rester ? Pourquoi continuer sur cette voix ? Mais au fond, quelque chose me force à revenir. Je ne sais pas abandonner. Je ne l'ais jamais fais. Je reviens à moi, et grimace lorsque je tente d'effacer les larmes de mon bras blessé. Il doit être fêlé, au moins. Je détourne le regard de Sterna et me relève en chancelant, remettant de l'ordre dans ma tête palpitante. Le monde tourne encore un peu autour de moi, mais il commence à se stabiliser. Le choc commence à passer. Je demande ensuite d'une voix lasse :

- Pourrions nous nous arrêter ici ? J'ai besoin de repos... Et de soigner ce bras.

J'ai regardé cette étrange scène d'un œil distrait... Incapable de savoir ce qu'il se passe dans sa tête, je comprends tout de même que j'en suis partiellement responsable... Cet imbécile s'est blessé tout seul. Après un vague moment de réflexion, je soupire et m'enfonce à nouveau dans les bois avec mon nouveau compagnon à écaille dans les bras. Il devait bien y avoir quelque chose d'utile pour apaiser la douleur, voire le guérir...

Le mage s'est éloigné sans un mot et le lézard est au sol. il s'est probablement brisé quelques os... Mon regard se pose sur un des lézards qui me regarde en retour, puis je m'éloigne. Bien, tant qu'à faire, autant commencer à monter le camp. Je ressors des buissons, m'éloigne et me met à la recherche de bois bien sec. Bien que le feu ne soit pas nécessaire contre les prédateurs, il serait tout de même agréable pendant la soirée.

Je me relève et aide machinalement Sterna à préparer le feu, en faisant attention à ne pas remuer mon membre peut-être fracturé. Je me reproche de ne pas avoir pu me retenir, mais je sais que toute ma volonté n'aurait pas suffit. C'était, comme certains disent, la goutte qui fait déborder la gourde. J'inspire profondément, et tente d'éteindre la braise d'envie qui palpite toujours en moi. Au moins parviendrais-je à faire bonne figure la prochaine fois que le mage-dragon reviendra.

https://www.youtube.com/watch?v=bCtcwf72Fcc

Cela fait sans doute près d'une heure que je me suis absenté. La nuit commence à tomber... Je ne sais même pas pourquoi je suis parti dans les bois à la recherche de plantes. Je ne le connais même pas et il ne m'apprécie pas vraiment. J'imagine que si je ne le faisais pas, on pourrait me le reprocher plus tard... Hum. C'est certainement ça. En réalité, je ne sais même pas si j'ai envie de retourner avec eux... Nous ne sommes pas si loin du village, je pourrais facilement y retourner en volant...

-Hey... Ne mange pas ça.

Le petit dragon avait commencé à mâchonner l'une des plantes que je comptais ramener. Il semble comprendre et abandonne. Lui et ses semblables me comprennent bien mieux que les habitants du village dans lequel je veux retourner. Il est bien plus proche de moi qu'ils ne le sont... qu'ils ne le seront jamais. Je vais certainement vivre bien plus vieux que les autres humains, elfes ou autres hybrides qui y habitent... Je ne crois pas que me lier avec eux leur apporterait quoique ce soit. En tout cas, cela ne m'apporte rien à moi... Je ferme les yeux et secoue légèrement la tête pour arrêter d'y penser alors que je reviens à l'endroit où Sterna et... Aesir, je crois que c'est son nom, se sont installés. Je n'ai aucune envie de parler de ce qu'il s'est passé... Non, en fait je n'ai aucune envie de parler, peu importe le sujet. Pour la première fois de ma vie, je ne veux pas essayer de comprendre.

Le mage revient finalement... tiens, il est allé chercher des plantes médicinales. Cela me surprend.

Il les laisse dans notre petit camp improvisé et va s'installer à l'écart, son lézard toujours sur les genoux. Eh bien, il semble s'être fait un ami... Le camp est silencieux, lourd. Personne n'a envie de parler, c'est parfaitement perceptible, et nous dînons en silence. Finalement je relève les yeux.

- Je vais prendre le premier tour de garde, même si je ne pense pas que ce sera nécessaire.

Je l'ai dit du ton de l'information. A moins que l'un d'eux ne me contredise, je préfère prendre le premier tour. Le pire est toujours celui au milieu de la nuit. Ça ne sera sans doute pas nécessaire, au vu de l'épaisseur des épines qui nous entourent, mais mieux vaut prendre une précaution supplémentaire que ne pas se réveiller.

Je la laisse faire. J'ai dormi plusieurs nuits ici sans la moindre précaution, et je doute que son initiative serve à quoi que ce soit. Mais puisqu'elle ne veut apparemment pas prendre de risque....

- Je prendrais le deuxième tour dans ce cas.

D'un autre côté, je réfléchissait à propos de ce mage-dragon. Aucun signe de ce qu'il était ne transparaissait si il ne le désirait pas. Je regrettais après coup mon attitude, surtout ce moment de faiblesse. Mais on, ce qui est fait est fait. Par contre, j'aurais une question à lui poser, du moins si il souhaite me répondre... Oui, son nom est Veheniem. Je lui parle pour la première fois sans froideur, et d'un ton qui, bien que neutre, révèle l'importance donné à la question.

- Veheniem... posséderais tu un pouvoir de guérison ?

Alors qu'ils s'agitaient dans leur coin, je ne faisais que fixer mon petit compagnon. Je n'arrivais pas à écouter ce qu'ils disaient même en essayant. Mon esprit continuait de tourner autour de la même idée. Plus j'y pense et moins je me souviens de la raison pour laquelle j'ai rejoins le village. Ceux qui y vivent n'ont rien à faire avec moi et je n'ai rien à faire avec eux. Je ne sais vraiment pas pourquoi...

- Veheniem... posséderais tu un pouvoir de guérison ?

Je tourne légèrement ma tête. Je ne l'avais même pas entendu approcher, et je n'ai pas vraiment envie de lui répondre, mais bon... Difficile de lui dire simplement "non".

-Si tu peux trouver de quoi faire un bandage...

Il semble vraiment perdu dans ses pensées. Il ne m'a répondu que distraitement, et il a en plus pensé que je parlais de mon bras. Je m'efforce de ne pas lui saisir la tête pour le regarder droit dans les yeux et soupire devant sa réponse. Une question que je m'étais très souvent posé a enfin quelqu'un qui puisse potentiellement y répondre, et je ne peux pas laisser passer l'occasion.

- Moi aussi je préfère le calme de la solitude, mais j'aimerais que tu me prête un peu plus attention juste pour un instant, après quoi je te laisserais tranquille.

M'assurant cette fois de sa réceptivité, je me désigne du doigt tout en le fixant droit dans les yeux.

- Quelle genre de magie serait capable d'une telle chose ?

-...Aucune idée. Ce n'est pas parce que je suis un mage que j'ai connaissance de toutes les formes de magie.

Qu'est-ce qu'il espère ? Qu'en claquant des doigts je lui retire une malédiction vraisemblablement complexe ? Je ne fais pas de miracles. Alors que je lui accorde un regard rapide -il n'aurait sans doute pas abandonné sans cela- , je m'attarde à nouveau sur la marque blanche sur sa main. Le seul fait d'y prêter attention me rappelle à quelle point son odeur est vive...

-Tu devrais sans doute commencer par chercher celui qui a pu créer ce genre de symbole.

Cette marque a tout d'un sceau et elle contient un pouvoir immense. En revanche je n'ai aucune envie d'essayer de le déchiffrer en ce moment. J'ai d'autres choses en tête...

Comme je lui ait assuré je le laisse à ses réflexions, et je m'étend sur le sol pour profiter du soir qui tombe. Les lézards me reniflent légèrement avant de s'éloigner pour rester avec le mage, mis à part quelque uns qui vont tenir compagnie à Sterna, qui monte la garde. Mais je ne me formalise pas de ça. Après tout, j'ai un ami dont je sais l'existence, un ami tellement plus fascinant que de simples animaux, fussent-il à moitié dragon. Un ami dont je suis fier de porter la marque. Je me glisse lentement dans le sommeil, avec cette idée réconfortante en tête. J'espère un calme et long sommeil...

Comme je m'en doutais, rien ne se passe pendant mon tour de garde. Rien ne se passera probablement non plus pendant la nuit, mais je vais néanmoins réveiller Aesir avant de me coucher. Avoir du temps pour penser, mon activité favorite pendant les tours de garde, l'aidera peut-être.

Je ne reste pas longtemps éveillée avant de sombrer dans le sommeil. Finalement, il semblerait que je lui fasse assez confiance pour lui confier ma vie à un des rares moments où je ne peux pas me défendre.

Je suis réveillé par Sterna. J'oubliais presque le tour de garde. Je m'installe donc à un emplacement qui me permet une observation confortable et en profite pour observer la clairière assombrie par la nuit. Je me rappelle le long périple qui m'a mené jusqu'ici, retrace dans ma tête le chemin. Je me rappelle alors de quelque chose d'assez intéressant. Si j'y pense encore, demain je les y emmènerait. J'espère juste que les bestioles locales ont déménagés...

Après une nuit tranquille, qui change agréablement des derniers jours plutôt... Agités, je réveille les autres. Il est temps de prendre le large.

Je n'ai pas dormi. Le sommeil me fuit depuis des années et cette nuit n'échappe pas à la règle. Plus le temps passe et moins je me trouve de points commun avec mes "semblables". Au final, je ne sais même plus si j'ai de bonnes raisons de rester parmi eux. J'ai passé toutes ma vie à apprendre, à comprendre. J'ai même renoncé à ce qu'il restait d'humanité en moi pour atteindre le but que je m'étais fixé... Un but hors de porté, hors de porté pour un humain. A les voir, je ne sais même pas si j'ai encore le moindre point commun avec eux...
Quoi qu'il en soit, le jour s'est levé et nous repartons déjà. Il me semble qu'ils discutent entre eux mais je n'écoute toujours pas. Mon compagnon à écailles ne semble pas vouloir me quitter et s'est paisiblement assoupi sur mon épaule. Je n'y vois pas trop d'objections... Soudain, un vague bruissement de feuille se fait entendre derrière nous. En me retournant, je ne trouve rien mais même mes compagnons ont entendu la chose.

Mon arc jaillit dans ma main alors que mon instinct m'avertit du danger et j'encoche immédiatement une flèche. Je balaie les environs du regard, mais sans rien trouver, alors je ferme simplement mes yeux et j'écoute. Il est très peu bruyant... ce doit être un prédateur dangereux.

Un léger craquement se fait entendre et je rouvre aussitôt les yeux, relâchant ma flèche. Elle va néanmoins se planter dans un tronc, vibrant violemment, mais cela a provoqué un mouvement rapide et je l'aperçois. Ma flèche a dû passer à quelques centimètres.

Il a l'air sur le point d'attaquer et j'encoche une nouvelle flèche, parée à toute éventualité.