Aymeric.

J'avais été pris au dépourvu au moment où elle vint déposer sa joue contre la mienne, non pas celle ouverte d'une blessure à peu près saignante, mais l'autre, dégagée. Bien que je n'en attendais pas moins venant d'elle, ça m'avait quelques peu perturbé. Je n'avais encore jamais reçu une seule bise venant d'elle, ni même d'une fille depuis que Laure était partie. Je n'exécutai aucun geste brusque et ne tentait pas même de frotter ma joue, bien que celle-ci me démangeait maintenant, c'était impoli de le faire alors que je venais d'être embrassé sur cet endroit. J'avais nullement envie de contrarier la jeune Tara.

-Après que vous ayez déposé Bastian dans sa résidence, Sterna et moi avons eu quelques... Soucis, bien que tout est sous contrôle désormais. Ne vous en faites pas, ce n'est rien. Je vais très vite guérir et les cicatrices ne seront plus visibles d'ici là.

Elle soupira, comme si elle n'était même plus étonnée de voir Aymeric aussi amoché.

-Histoire de ne pas changer, hein... ? Lança-t-elle, avec une légère pointe d'humour, bien que ce n'était pas dans ses habitudes.

Elle rit à peine une demi-fraction de secondes lorsqu'elle entendit derrière elle une explosion. Le chaudron avait été renversé et le liquide visqueux couleur blanc crème se répandait lentement sur le sol.

-Oh non ! Le ragoût !

Elle se rua sur les lieux du drame et tenta de soulever la marmite. Lorsqu'elle posa les mains sur le chaudron elle manqua de se brûler, pour faute d'avoir touché un endroit brûlant qui avait été chauffé avec le feu de camp il y a encore quelques secondes.

-Monsieur Aymeric, venez, je vous en prie ! J'ai besoin de vous ! Cria-t-elle, paniquée, en secouant ses mains rouges.

Tour Aymeric.

Aymeric

Soit elle était beaucoup trop distraite, soit elle n'avait décidément pas de chance. Sans me rendre compte à l'instant du réel désastre qui s'était provoqué sous mes yeux, je me précipitai à présent pour aider la jeune demoiselle à soulever le chaudron, beaucoup trop lourd pour ses seuls bras frêles.

Soulever le chaudron : Avec la force brut.

Difficulté : 6
Force : 8
Score nécessaire : 4

Aymeric a effectué 1 lancé(s) d'un 10 :

7

Réussite.

Aymeric parvint, en compagnie de la jeune demoiselle mince et sans aucune force musculaire, à redresser le chaudron, permettant ainsi de conserver une bonne partie du repas mijoté, bien qu'il aurait probablement mieux valu le laisser se répandre sur le sol, vu l'odeur très peu agréable et la texture visqueuse du liquide blanchâtre. Soit les goûts de Tara Mahlin étaient tendancieusement étranges, soit la "soupe" était complètement ratée.

-Merci beaucoup...Soupira-t-elle longuement en essuyant son front de l'arrière de sa main.

Elle se rapprocha de la marmite un peu plus près encore et sortit l'énorme louche délicatement, pour ensuite se servir du liquide vaseux dans un petit bol en céramique dépourvu de motifs et de couleurs, avant de le goûter en quelques gorgée. Elle recracha après quelques secondes, lorsqu'elle avait déjà ingurgité la quasi-totalité de la mixture, probablement longue à la détente ou trop perturbée par la température du liquide fumant.

-C'est horrible ! Lança-t-elle en s'essuyant la bouche du mieux qu'elle le pouvait avec le tablier en tissu blanc qu'elle portait toujours. Il faut absolument rajouter quelque chose...

C'est alors qu'elle farfouilla dans le petit panier déposé tout près de la grosse marmite, sans doute volontairement pour se faciliter la vie et éviter des allers-retours épuisants de la taverne à la place, et en sortit deux flacons, l'un de couleur marron, et l'autre de couleur turquoise, son visage s'éclairant d'un soulagement indubitable lorsqu'elle les eue trouvés. Elle ouvrit le premier pour le secouer très légèrement au dessus du liquide, et le rangea juste après l'avoir refermé de son bouchon en liège. Elle ouvrit la seconde éprouvette transparente pour saupoudrer de la même manière le dessus de la marmite. Elle s'intéressa enfin à Aymeric, tout en lui approchant le manche de la louche, bien qu'elle avait gardé ses mains fermées telle la poigne d'une guerrière, en demandant, dans un ton tout aussi doux que ceux qu'elle employait envers n'importe lequel des villageois :

-Est-ce que cela vous dérangerait de mélanger ? Fit-elle en tournant quelques fois avec une lenteur effrayante. Je n'ai pas la force requise mais la mixture devrait devenir rapidement moins gluante et visqueuse. Et si l'on mélange assez vite, elle devrait devoir prendre rapidement du goût et une matière mousseuse très agréable.

Tour Aymeric.

Aymeric

-Aucun problème. Lançai-je tout en souriant et en m'approchant du bol.

Tourner avec une louche n'était, certes, pas bien pratique. Je me contentai de corriger discrètement l'erreur de la jeune et distraite demoiselle, occupée à regarder sa main rougie par la brûlure, en attrapant un fouet proche.
Tara semblait si fragile, s'en était à la fois touchant et inquiétant... Enfin, ça ne faisait que la rendre plus attachante encore. On avait sincèrement l'envie de la protéger pour qu'il ne lui arrive rien, d'être coûte que coûte là pour elle. Ou peut être était-ce dû au fait que j'était en partie responsable de la mort d'Erwan. Personne n'était encore au courant, hormis elle, qui avait été très touchée par la nouvelle. Tout comme ma soeur, d'ailleurs. Et même si elle ne l'avait pas montré devant moi, je le savais bien, j'en était persuadé, tout du moins, qu'elle s'était involontairement attaché à ce petit voleur. Enfin, petit, je ne sais pas pourquoi je le considérais comme tel. Il était plus âgé que moi, je n'avais aucune idée d'où provenait cette caractéristique que je lui attribuais sans cesse. Peut être que lui aussi, du coup, on avait envie de le prendre sous notre aile et de l'aider. Hélas, il n'est plus parmi nous pour que je puisse lui offrir quoique se soit d'autre qu'une mort certaine. Je n'aurais jamais dû l'emmener avec moi dans mes tournantes de nuit, ça avait été beaucoup trop dangereux, et j'en avais pris conscience, une fois sa mort prononcée.
Il ne fallait pas que j'y pense, mes pensées étaient beaucoup trop distraites, et j'allais m'émouvoir à nouveau. Il ne fallait pas que je montre de signes de faiblesse, non, aucun. Peut être même que l'autre m'espionnait, quelque part non loin d'ici.

-Et sinon... Vous, comment vous portez-vous, Tara ? Demandai-je finalement.

Difficulté : 2
Agi : 5
5-2 = +3 Jet de dés
Score nécessaire : 5

Aymeric a effectué 1 lancé(s) d'un 10 :

2

+3

Réussite.

La mixture devint à vue d'oeil quelque chose de beaucoup plus mousseux, ce qui, par la même occasion, dégagea un parfum extrêmement agréable qui caressait les narines de nos jeunes membres se trouvant même à plusieurs mètres à la ronde. Aymeric n'en était que plus rassuré de voir qu'il était capable de cuisiner, ou presque.

-Je vais beaucoup mieux, ne vous en faites pas. Lança-t-elle, d'une manière toujours aussi joviale.

Elle s'approcha de plus près tout en inspirant l'odeur aussi agréable et fraîche était-elle, tout en poussant un son discret, indiquant le plaisir qu'elle avait rien que de renifler le parfum de la mixture.

-Ça me semble plus que correct, merci à vous, Aymeric.

Elle rangea les instruments dans un bac composés d'uniquement d'assiettes et de couverts sales, semblait-il, tout en murmurant timidement :

-Et merci de vous inquiéter pour moi... Fit-elle en rougissant légèrement.

Elle attrapa dans une de ses poches une petite bourse remplies de pièces d'or et en sorti quelques unes pour combler le jeune épéiste. Et malgré plusieurs refus, elle finit pas les engouffrer dans son gant en cuir qu'elle referma elle-même bien fermement pour l'empêcher de faire quoique se soit. De la force, elle en avait quand elle le voulait, Tara.

+20 pièces d'or !

Aymeric:

-Dites moi, est-ce que vous pourriez passer ce soir à la taverne ? Demanda-t-elle en retenant un mouchoir en soie dans sa main. J'aimerais que nous discutions un peu.

Elle attendit seulement une fraction de secondes pour reprendre une bouffée d'air provenant du bol dans lequel moussait le liquide très étrange, tout en se tournant face à Aymeric.

-J'ai l'impression que vous n'allez pas vraiment fort, si je puis me permettre. Vous savez bien que, si vous avez besoin de parler, je suis là, moi, n'est-ce pas ? Après tout ce temps, après ce que vous avez fait pour moi, vous ne devez avoir aucune hésitation sur la confiance que je vous voue. Je serais une oreille attentive, si vous en avez besoin.

Ah, cette jeune Tara Mahlin. Il fallait reconnaître qu'elle avait les mots pour égayer l'âme triste en moi qui m'empêchait de profiter des bons moments comme il le fallait. Elle était si douce, si droite, si juste.
Je lui répondis, après avoir ri doucement tout en laissant se dessiner un sourire sincère sur mon visage.

-Je viendrais avec plaisir.

Son visage s'illumina tout en laissant apparaître des traits égayés de manière encore plus prononcée qu'elle avait déjà en temps normal.

-Très bien ! Je vous y attendrais de pied ferme ! Lança-t-elle, soulagée de voir que son supérieur acceptait la proposition sans broncher.

La jeune demoiselle continua ensuite à passer doucement la cuillère en bois dans la mixture mousseuse, exécutant de légers gestes circulaires et laissant évaporer de nombreux nuages de fumée à peine visible du plat. Elle adressa un dernier regard au jeune bretteur et chef de la tribu qui s'éloignait pour aider les villageois restants. Le crépuscule se présentait déjà dans le ciel, le soleil laissant ses dernières marques en colorant le ciel d'une bande orangée apaisante, évoluant très fortement vers le mauve au niveau des nuages et plus haut encore. La journée passerait à la nuit d'ici quelques instants, et le camp retomberait dans une ambiance sereine de nuits calmes et relaxantes, laissant les travaux en suspend jusqu'au lendemain.

Puits : 75%
Bois : 25%

Qui aider ?

Le puits était quasiment terminé, je me dirigeai donc vers un groupe épuisé, dont le but m'était encore inconnu. Ce qui était sûr, c'est qu'il avait besoin de bois, et même de beaucoup de bois. J'avançai tel un ignorant avide de curiosité, encore pleins de ressources, ou en tout cas c'est ce que je pensais, et j'espérais pouvoir leur apporter l'aide qu'il leur fallait.
Une fois que je fus assez proche du groupe, je m'adressai de manière solennelle et d'une voix portante :

-Auriez-vous besoin d'aide, jeunes gens ? Demandai-je.